Nous avons tendance à repousser certains rendez-vous médicaux, mais les examens de dépistage sont essentiels pour préserver sa santé. Cancers, diabète, maladies cardiovasculaires… Un suivi régulier permet une prise en charge précoce et améliore les chances de guérison. Alors, où en êtes-vous avec vos dépistages ? PRÉVOIR vous guide pour faire le point.
Pourquoi les dépistages sont-ils essentiels ?
Le dépistage médical est une démarche visant à détecter précocement des maladies ou des anomalies chez des individus qui ne présentent pas encore de symptômes. Cette approche permet d’intervenir rapidement, augmentant les chances de succès thérapeutique et réduisant les risques de complications.
Prévenir plutôt que guérir
L’expression « mieux vaut prévenir que guérir » prend tout son sens pour le dépistage médical.
En effet, identifier une maladie avant l’apparition de symptômes permet une prise en charge plus rapide et augmente significativement les chances de guérison. De nombreuses pathologies, lorsqu’elles sont détectées à un stade avancé, nécessitent des traitements plus lourds et présentent des chances de guérison plus faibles que lorsqu’elles sont détectées précocement.
Dans le cas du cancer du sein, par exemple, un dépistage précoce permet de détecter des anomalies avant qu’une tumeur ne devienne invasive. En 2023, 61 214 nouveaux cas de ce cancer étaient détectés et l’âge moyen du diagnostic pour cette même année était de 64 ans. Notons également que 80 % des cancers du sein se développent après 50 ans. Cette statistique illustre bien que beaucoup de femmes, par oubli ou par peur vis-à-vis de ce cancer diffèrent la réalisation d’une mammographie. Dès 50 ans, son dépistage devient essentiel et il peut aussi l’être avant 50 ans selon les antécédents1. Une prise en charge dès le début de la maladie et avant qu’elle ne soit trop avancée, c’est davantage de chance de guérir et dans de plus courts délais.
Outre les cancers, d’autres maladies peuvent être prévenues grâce au dépistage. Le diabète de type 2 par exemple, évolue lentement et peut rester asymptomatique pendant plusieurs années. Un bilan sanguin régulier permet d’identifier une hyperglycémie et d’adopter des mesures d’hygiène de vie adaptées avant que la maladie ne s’installe durablement et n’entraîne des complications graves comme des atteintes rénales, cardiaques ou neurologiques.
En plus d’améliorer les chances de traitement, le dépistage précoce permet d’éviter des interventions lourdes et coûteuses pour le système de santé. Une prise en charge rapide limite le recours à des traitements intensifs, aux hospitalisations longues et aux actes chirurgicaux complexes. La prévention, notamment par le biais du dépistage, est aussi une pratique bénéfique pour le patient.
Des pathologies silencieuses : un danger invisible
Certaines maladies évoluent de manière silencieuse, sans symptôme apparent, et ne sont découvertes qu’à un stade avancé, lorsqu’elles ont déjà causé des dommages irréversibles. Ce phénomène est inquiétant pour des pathologies chroniques comme l’hypertension artérielle, le diabète ou encore certaines infections sexuellement transmissibles (IST).
L’hypertension, par exemple, est surnommée le « tueur silencieux » car elle ne provoque généralement aucun symptôme au début, tout en augmentant le risque d’accidents vasculaires cérébraux (AVC), d’infarctus et d’insuffisance cardiaque2. Un dépistage simple par mesure de la pression artérielle permet d’identifier cette affection et de mettre en place un traitement adapté, réduisant le risque de complications graves.
Les IST, quant à elles, peuvent rester asymptomatiques pendant plusieurs années. La chlamydia et la gonorrhée, par exemple, passent souvent inaperçues chez les femmes, mais peuvent entraîner des complications sévères comme l’infertilité ou des douleurs pelviennes chroniques. Un dépistage régulier, notamment chez les jeunes adultes sexuellement actifs, permet d’identifier ces infections et de les traiter rapidement avant qu’elles ne causent des dommages irréversibles ou ne se propagent à d’autres personnes.
Par ailleurs, certaines maladies métaboliques ou génétiques, comme l’hémochromatose (excès de fer dans le sang) sont également découvertes trop tardivement, faute de dépistage. Pourtant, un simple dépistage sanguin permettrait d’identifier les personnes à risque et d’adopter des mesures préventives avant l’apparition de complications.
Un enjeu collectif de santé publique
Le dépistage ne concerne pas seulement la santé individuelle, il représente aussi un levier majeur pour la protection de la population. Certaines maladies infectieuses, comme la tuberculose, l’hépatite B ou le VIH, peuvent être transmises à d’autres personnes sans que le porteur ne se sache atteint. Un dépistage précoce permet d’identifier les individus contaminés et de mettre en place des mesures adaptées pour limiter la transmission et la propagation de ces maladies.
Bon à savoir : dans le cas du VIH, un diagnostic anticipé permet non seulement de démarrer un traitement qui améliore l’espérance de vie des patients, mais aussi de réduire drastiquement le risque de transmission. Une personne séropositive sous traitement efficace ne transmet plus le virus à ses partenaires sexuels, ce qui représente un enjeu majeur de santé publique3.
D’autres programmes de dépistage jouent un rôle clé dans la réduction des épidémies. La vaccination couplée à un dépistage ciblé a permis de réduire significativement la transmission de l’hépatite B en France. Pour les maladies comme la tuberculose qui touche encore certaines populations vulnérables, le dépistage systématique des personnes à risque est essentiel pour contrôler la propagation de l’infection.
En plus des maladies infectieuses, d’une façon générale, le dépistage de certaines pathologies comme le cancer du sein ou du côlon permet de réduire le taux de mortalité à grande échelle. En incitant le maximum de personnes à réaliser ces examens, les autorités sanitaires cherchent à diminuer le risque de formes graves et à améliorer la qualité de vie des patients.
Ainsi, le dépistage contribue à la protection de toute la société en limitant la transmission de maladies et en allégeant la charge des services de santé.
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Quels sont les dépistages recommandés selon mon profil ?
Comprendre l’importance du dépistage est essentiel. Toutefois, il est tout aussi essentiel de savoir quels dépistages sont recommandés en fonction de votre âge, de votre sexe, de vos antécédents familiaux et de vos facteurs de risques personnels. L’objectif est d’identifier les personnes à risque et leur proposer un suivi médical adapté.
Les dépistages recommandés pour les femmes
Le dépistage du cancer du col de l’utérus repose sur la réalisation d’un frottis, permettant de détecter d’éventuelles lésions précancéreuses liées au papillomavirus humain (HPV). La réalisation du frottis peut donner lieu soit à un examen cytologique (recherche de cellules précancéreuses), soit à un test HPV.
D’après les dernières recommandations appliquées en France, il est conseillé :
- aux femmes de 25 ans à 30 ans de réaliser cet examen tous les trois ans, après deux frottis ayant donné lieu à deux examens cytologiques normaux effectués à un an d’intervalle,
- aux femmes de 30 à 65 ans de réaliser cet examen (qui donnera lieu à un test HPV) tous les cinq ans, cette fréquence s’appliquant lorsqu’un premier test HPV a été réalisé à l’issue d’un délai de trois ans après le dernier examen cytologique dont le résultat était normal.
Ce dépistage par frottis est essentiel, car le cancer du col de l’utérus peut se développer silencieusement pendant plusieurs années avant de se manifester : on estime qu’il faut cinq à vingt ans pour l’apparition des cellules cancéreuses après une infection aux HPV. Une prise en charge précoce des lésions permet d’éviter l’évolution vers une forme de cancer plus agressive4.
D’autres examens peuvent être recommandés aux femmes en fonction de leur âge et de leur état de santé général. Par exemple, le dépistage de l’ostéoporose peut être proposé aux femmes ménopausées présentant des facteurs de risque, comme une faible densité osseuse ou des antécédents de fractures.
> Comment prévenir l'ostéoporose ?
Par ailleurs, un suivi cardiovasculaire régulier est conseillé, car les maladies cardiaques représentent la première cause de mortalité féminine.
Les dépistages recommandés pour les hommes
Le cancer de la prostate :
Le cancer de la prostate est le plus fréquent chez l’homme en France, avec environ 50 000 nouveaux cas par an5. Cependant, son dépistage n’est pas recommandé pour l’ensemble de la population masculine en raison des risques de surdiagnostic et de surtraitement. En effet, certaines tumeurs évoluent lentement et ne nécessitent pas d’intervention immédiate.
Néanmoins, pour les hommes présentant des antécédents familiaux ou des facteurs de risque particuliers, un suivi médical régulier peut être envisagé.
Bon à savoir : depuis 2022, une IRM est préconisée avant biopsie si le taux sanguin de PSA (antigène prostatique spécifique) est anormal, afin de mieux surveiller l’apparition de ce cancer. Le dosage du taux de PSA est l’examen de référence pour évaluer un risque de cancer de la prostate.
En complément du dépistage de ce cancer hautement répandu, d’autres examens de dépistage peuvent être recommandés aux hommes en fonction de leur âge et de leur mode de vie. Par exemple, un bilan cardiovasculaire est essentiel, notamment après 50 ans, pour évaluer les risques d’hypertension, d’hypercholestérolémie ou de diabète. Ces pathologies étant souvent asymptomatiques au début, un suivi médical régulier permet de prévenir d’éventuelles complications.
Les dépistages recommandés pour tous
Le cancer colorectal :
Il s’agit de l’un des cancers les plus fréquents et il représente la deuxième cause de décès par cancer en France6. Un dépistage est proposé tous les deux ans aux femmes et aux hommes âgés de 50 ans à 74 ans. Les personnes éligibles reçoivent une invitation de leur Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) pour réaliser ce test dont le kit peut être retiré chez leur médecin, en pharmacie ou commandé en ligne. La prise en charge de ce dépistage est assurée à 100 % par l’Assurance Maladie. Comme pour la plupart des cancers, un dépistage précoce permet de mieux prévenir et d’intervenir rapidement face à la maladie, en augmentant ainsi les chances de survie.
Les Infections Sexuellement Transmissibles (IST) :
Le dépistage des IST, y compris le VIH, est recommandé pour toute personne sexuellement active, en particulier en cas de partenaires multiples ou de comportements à risque. Une détection précoce de ces infections permet une prise en charge rapide et réduit le risque de transmission.
Le saviez-vous ? Il existe en France des centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD), qui proposent des tests anonymes et gratuits7.
En 2022, Le nombre de personnes dépistées positives au VIH en 2022, a ainsi été estimé de 4 200 à 5 700 personnes8.
Le dépistage néonatal :
Depuis le 1er novembre 2024, la France a autorisé le dépistage de la drépanocytose, une maladie génétique héréditaire qui affecte les globules rouges et révèle un taux d’hémoglobine anormal dans le sang. Cette maladie touche environ 30 000 personnes en France et provoque des anémies sévères et d’autres complications9. Le dépistage précoce permet une prise en charge avancée dès les premiers mois de vie, améliorant les chances de guérison des enfants atteints.
Comment organiser et ne pas oublier ses dépistages ?
Même si nous savons que les dépistages sont essentiels pour préserver notre santé, il n'est pas toujours évident de les intégrer à nos habitudes. Entre un emploi du temps chargé, une certaine appréhension ou encore un simple oubli, il arrive que nous repoussions ces examens pourtant cruciaux.
Prendre ses rendez-vous à l’avance
Texte alternatif : Pour connaître ses dépistages à venir, il est essentiel de consulter son espace santé ou le site de l’Assurance Maladie pour vérifier ses recommandations de dépistage. Vous pouvez aussi vérifier votre calendrier de santé en consultant le site du ministère de la Santé ou demander conseil à un pharmacien ou médecin traitant. Aussi, pensez à vérifier votre courrier fréquemment, pour certains dépistages, des courriers d’invitation sont envoyés directement à votre domicile.
L’un des principaux obstacles aux dépistages est la tendance à procrastiner, c’est-à-dire à souvent remettre à plus tard. Face à un examen médical, on peut être tenté de se dire que l’on s’en occupera à un autre moment, jusqu’à ce que les semaines et les mois passent, sans que l’on ait réellement pris le temps de le faire. Pourtant, la prévention ne devrait pas être laissée au hasard.
Pour éviter de repousser ces rendez-vous essentiels, il est recommandé de les anticiper. Dès que l’on reçoit une invitation à un dépistage organisé par sa CPAM comme celui du cancer du sein ou du côlon, il est préférable de prendre les devants sans attendre pour fixer une date d’examen ou récupérer un kit de dépistage. Plus on attend, plus on risque d’oublier ou de ne pas trouver de date dans de courts délais en raison d’une forte demande. C’est le cas pour certains spécialistes, comme les gynécologues, les radiologues ou les gastro-entérologues, qui ont des délais d’attente particulièrement longs. Ainsi, anticiper ses prises de rendez-vous plusieurs mois à l’avance permet non seulement d’éviter les reports de dernière minute, mais aussi de choisir un créneau qui s’intègre facilement à son emploi du temps.
Aussi, regrouper plusieurs examens médicaux au sein d’une même période peut aussi être une bonne astuce pour ne pas y penser tout au long de l’année. Si un rendez-vous pour une mammographie est prévu en octobre par exemple, il peut être judicieux de programmer un bilan sanguin ou tout autre examen essentiel au même moment. Cette organisation permet d’assurer un suivi médical en limitant les allers-retours chez les professionnels de santé.
Notre conseil : l’utilisation d’un agenda, qu’il soit papier ou numérique, peut également s’avérer précieuse et indispensable pour ne rien n’oublier. Inscrire ses rendez-vous médicaux et programmer des rappels quelques jours avant permet de ne pas passer à côté. Certains téléphones ou applications de calendrier permettent même de définir des alertes récurrentes, afin de rappeler automatiquement les examens à effectuer selon les recommandations.
Les outils pour assurer son suivi médical
Grâce aux avancées technologiques, il est désormais plus simple de garder une trace de ses examens et de mieux s’organiser pour ne pas manquer un dépistage. De nombreux outils existent pour faciliter le suivi médical et s’assurer que chaque examen est bien réalisé, au bon moment.
« Mon Espace Santé », le service mis en place par l’Assurance Maladie, est une plateforme sécurisée permettant de stocker ses documents médicaux, d’accéder à l’historique de ses examens et même de recevoir des appels pour les dépistages recommandés. Ce carnet de santé numérique centralise les informations de manière pratique et évite de perdre ses résultats ou de devoir fouiller dans ses papiers pour retrouver la date de son dernier examen en cas de doute.
Il y a également certaines applications mobiles essentielles pour suivre ses consultations et recevoir des rappels. En effet, les plateformes de prises de rendez-vous comme Doctolib ou Maiia offrent la possibilité d’enregistrer ses examens médicaux et d’être alerté lorsqu’un nouveau contrôle doit être programmé. Certaines applications permettent de paramétrer des notifications personnalisées pour ne pas oublier un rendez-vous médical ; elles sont dédiées aux rappels médicaux.
Cependant, malgré l’essor du numérique ces dernières années, le carnet de santé papier reste un outil essentiel pour assurer le suivi de ses dépistages. Noter les examens réalisés et leurs résultats permet de garder une trace de son parcours médical et permet même parfois, de se souvenir qu’il y a un traitement lié à prendre.
Le saviez-vous ? En complément, certains laboratoires d’analyses et hôpitaux proposent aujourd’hui des dossiers médicaux en ligne où il est possible de consulter ses résultats et de programmer des alertes pour ses prochains examens.
L’essentiel, c’est de choisir un outil qui correspond à ses propres habitudes et de s’y tenir. Un bon suivi médical est indispensable pour garantir une prévention efficace et anticiper les éventuels problèmes de santé avant qu’ils ne deviennent plus graves.
> Bien comprendre son contrat santé
Se faire accompagner par un professionnel de santé
Malgré une bonne organisation, il peut parfois être difficile de savoir quels dépistages réaliser et à quelle fréquence. Les recommandations évoluent, c’est pourquoi il est essentiel de se faire accompagner par des professionnels de santé, qui sont là pour vous guider et vous conseiller en matière de prévention.
Le médecin traitant joue un rôle clé dans cette démarche. Il est le premier interlocuteur pour établir un suivi médical personnalisé et s’assurer que chaque patient est à jour de ses dépistages. Lors des consultations, il peut faire le point sur les examens nécessaires, rappeler l’importance du dépistage et prescrire les examens adaptés au profil du patient. Un simple rendez-vous annuel chez son médecin généraliste permet ainsi de vérifier que l’on suit bien les recommandations et de bénéficier d’une orientation vers les bons spécialistes quand c’est nécessaire.
En complément du médecin traitant, les pharmaciens jouent également un rôle dans l’accompagnement au dépistage. Ils peuvent informer sur les examens à réaliser comme ceux du VIH ou du diabète, en accompagnant les patients dans l’utilisation de tests comme celui du cancer colorectal par exemple. Grâce à leur accessibilité et à leur proximité, ce sont des interlocuteurs précieux pour s’assurer de ne pas passer à côté d’un dépistage important.
> Quelle est la perception des Français sur la télémédecine ?
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(1) Institut National du Cancer, « Les cancers du sein : l’essentiel », 2020.
(2) Fédération Française de Cardiologie, « L’hypertension artérielle », 2022
(3) Sida Info Service.org, « Quels sont les modes de transmission du VIH ? », 2020
(4) HAS (Haute Autorité de Santé), « Evaluation de la recherche des papillomavirus humains en dépistage primaire des lésions précancéreuses et cancéreuses du col de l’utérus et de la place du double immuno-marquage », 2019
(5) ELSAN, « Cancer de la prostate », 2024
(6) Institut National Du Cancer, « Le cancer colorectal », 2024
(7) ARS (Agence Régionale de Santé), « Centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic CeGIDD », 2025
(8) Santé Publique France, « Bulletin de santé publique VIH-IST », 2023
(9)