Mise à jour le 7 avril 2025
Le congé de proche aidant offre aux salariés la possibilité de suspendre temporairement leur activité professionnelle pour assister un proche en situation de dépendance. Ce dispositif, encore méconnu, est essentiel pour concilier vie professionnelle et responsabilités familiales. PRÉVOIR vous aide à y voir plus clair.
Comprendre le congé du proche aidant
Le congé du proche aidant est un dispositif légal permettant aux salariés de suspendre ou de réduire temporairement leur activité professionnelle pour s’occuper d’un proche en situation de handicap ou en perte d’autonomie. Ce congé vise à reconnaître et à soutenir l’engagement des aidants familiaux, souvent confrontés à des difficultés pour concilier leur rôle d’aidant avec leur vie professionnelle.
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Mis en place en 2017, ce congé a remplacé l’ancien « congé de soutien familial ». Il permet aux salariés de consacrer du temps à un proche nécessitant une assistance particulière, sans pour autant compromettre leur emploi. Ce congé a déjà permis à de nombreux aidants d’assurer une présence indispensable auprès de leurs proches malades ou en situation de handicap1.
Les aidants familiaux jouent un rôle essentiel au quotidien. En effet, ils accompagnent leur proche en situation de dépendance dans les gestes du quotidien, apportent une aide aux soins corporels, assurent la gestion des repas, veillent à la bonne prise des traitements médicaux et accompagnent leurs proches à leurs rendez-vous de santé et à leurs soins réguliers.
En France, on estime que 9,3 millions de personnes sont des aidants familiaux, soit près de 15 % de la population adulte2.
Le saviez-vous ? Près de 57 % des aidants familiaux exercent une activité professionnelle en parallèle, ce qui complique la gestion de leur double rôle et peut entraîner un épuisement important.
Qui peut bénéficier du congé de proche aidant ?
Ce congé est accessible à tout salarié, sans condition d’ancienneté et quel que soit son contrat de travail (CDI, CDD, intérim). Il concerne aussi bien les salariés du secteur privé que ceux de la fonction publique. Les travailleurs indépendants et les demandeurs d’emploi indemnisés peuvent également en faire la demande.
Le lien entre l’aidant et la personne aidée peut être familial ou lié à une situation de vie commune. Ainsi, peuvent être concernés :
- les ascendants (parents, grands-parents),
- les descendants (enfants, petits-enfants),
- les frères et sœurs, les oncles et tantes, les neveux et nièces et les cousins germains,
- les personnes partageant le même domicile que l’aidant.
La personne aidée doit résider en France de manière stable et régulière et être en situation de handicap ou de perte d’autonomie d’une certaine gravité, définie par la grille AGGIR (il s’agit du référentiel d’évaluation permettant de déterminer le niveau de dépendance d’une personne âgée selon sa capacité à effectuer certaines tâches du quotidien.).
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Vos droits et devoirs en tant qu’aidant
Pendant toute la durée du congé, le contrat de travail du salarié aidant est suspendu, mais pas rompu. Cela signifie qu’au terme de son absence, l’aidant retrouve son poste ou un poste similaire avec une rémunération équivalente. Toutefois, il est nécessaire de noter que cette période n’est pas rémunérée par l’employeur, sauf accords conventionnels plus favorables.
Pour pallier cette absence de revenus, l’allocation journalière du proche aidant (AJPA) peut être sollicitée auprès de la CAF (caisse d’allocations familiales) ou de la MSA (mutualité sociale agricole).
Le saviez-vous ? Le montant de l’AJPA est indexé sur le SMIC. Au 1er janvier 2025, le montant versé s’élève à 65,80 euros bruts par jour et est versée dans la limite de 66 jours pour chaque personne aidée (dans la limite de 4 personnes aidées au long de sa carrière professionnelle)3. Il est possible de prendre ces jours par demi-journée dans la limite de 22 jours par mois.
Le salarié souhaitant bénéficier de ce congé doit informer son employeur de sa volonté de le saisir, au moins un mois avant la date de départ prévue, sauf en cas d’urgence liée à l’état de santé du proche. Un justificatif attestant de la situation de la personne aidée doit être fourni.
De son côté, l’employeur ne peut refuser la demande si toutes les conditions sont réunies, mais il peut proposer un report de la date de départ si l’absence du salarié risque de trop perturber l’organisation de l’entreprise.
Bon à savoir : Pendant toute la durée de son congé, le salarié ne peut pas exercer une autre activité professionnelle. Cette mesure vise à garantir que le congé soit bien consacré à l’aide pour le proche en difficulté et non pas à une autre occupation.
Le rôle des aidants est indispensable dans la vie de leur proche. En effet, ils consacrent en moyenne 20 heures par semaine à l’aide apportée à leur proche, soit l’équivalent d’un emploi à mi-temps non rémunéré. Cette charge de travail complémentaire justifie l’épuisement de nombreux aidants, d’où l’importance de dispositifs comme le congé du proche aidant.
Afin d’anticiper au mieux cette situation, il est essentiel de bien se renseigner sur les différents recours possibles.
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Les démarches à suivre pour organiser et gérer son congé de proche aidant
Demander et organiser un congé de proche aidant implique une connaissance des démarches administratives à suivre, des options relatives à sa flexibilité ainsi qu’aux impacts potentiels sur la carrière du salarié.
Les démarches à effectuer pour faire la demande à son employeur
Pour bénéficier du congé de proche aidant, la première étape à entreprendre de la part du salarié est d’informer son employeur de son intention de le saisir. Cette demande doit être faite par écrit, et le salarié doit choisir l’une de ces méthodes pour le notifier : lettre recommandée avec accusé de réception ou remise en main propre contre décharge.
La demande, anticipée pour permettre à l’entreprise de s’organiser en amont du départ, doit préciser la nature de la situation (maladie, handicap, perte d’autonomie) ainsi que les dates prévues de ce congé. Il peut également être possible de solliciter un congé à temps partiel ou de manière fractionnée pour cette période.
Texte descriptif : la checklist pour demander son congé de proche aidant. Le demandeur droit rédiger une lettre de demande mentionnant la nature de la situation, les dates prévues du congé et le format choisi. Il doit également joindre un justificatif type certificat médical du proche aidé ou notification de handicap ou perte d’autonomie. Il doit ensuite envoyer la demande à son employeur par lettre recommandée ou remise en main propre. L’essentiel est d’anticiper pour s’organiser.
La durée et les modalités du congé : flexibilité et ajustements possibles
Le congé du proche aidant peut être pris une seule fois, fractionné en plusieurs périodes ou exercé sous forme de temps partiel, offrant davantage de souplesse aux aidants dans la gestion de leurs responsabilités. Cette flexibilité permet d’adapter la prise du congé aux besoins du proche aidé et aux impératifs du salarié. La durée de ce congé dépend des conventions ou accords collectifs en vigueur dans l’entreprise.
En effet, la prise de ce congé à temps partiel lui laisse ainsi la possibilité de continuer à travailler tout en étant disponible pour son proche. Il peut être pris de manière régulière ou ponctuelle, en fonction des besoins de l’aidant et de ceux de l’entreprise.
Le saviez-vous ? En l’absence de convention ou de spécificités à l’entreprise, la durée maximale du congé est de trois mois consécutifs. Il peut également être renouvelé une fois, permettant ainsi au salarié de bénéficier d’un congé total de six mois si nécessaire. Toutefois, la durée totale du congé ne peut pas excéder un an au cours de la carrière du salarié.
Afin de mieux concilier vie professionnelle et rôle d’aidant, il est possible de fractionner ce congé en plusieurs périodes. Par exemple, un salarié peut choisir de prendre une semaine de congé, puis de revenir au travail avant de repartir une nouvelle semaine. Chaque période d’absence doit faire l’objet d’une demande distincte et doit respecter les conditions définies par l’employeur. Ce fractionnement peut être avantageux car il permet une gestion plus flexible du congé, notamment pour les aidants qui doivent jongler entre leurs propres soins et autres obligations.
Les impacts sur la carrière professionnelle : retour au travail et conséquences pour la retraite
À l’issue du congé, le salarié retrouve son poste ou un poste similaire car son contrat de travail, suspendu pendant la durée du congé reste en vigueur. Le salarié conserve ainsi ses droits à la reprise de l’activité.
Par ailleurs, même si le salarié retrouve son poste après le congé, il pourrait ne pas forcément retrouver une rémunération équivalente à celle qu’il avait au moment de son départ. En effet, bien que l’employeur ne puisse pas réduire la rémunération ou modifier les conditions de travail à cause du congé, il peut décider de ne pas prendre en compte la période d’absence pour le calcul de l’ancienneté, ce qui peut affecter l’évolution salariale et la progression dans l’entreprise.
Ce congé peut avoir des conséquences potentielles sur les droits à la retraite, et ce, notamment car les trimestres non travaillés pendant le congé ne sont pas automatiquement validés pour le calcul des droits à la retraite. Ce manque de validation peut entraîner une baisse du nombre de trimestres nécessaires pour obtenir une pension à taux plein.
Cependant, les salariés peuvent souscrire au rachat de trimestres non validés pour compenser la période d’absence. Ce rachat permettra d’éviter une décote de la pension au moment de la retraite.
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Les aides financières et dispositifs de soutien pour les proches aidants
Les proches aidants font face à des défis émotionnels, physiques et financiers importants lorsqu’ils prennent soin d’un proche en situation de dépendance. Il existe des aides et dispositifs pour alléger leur quotidien et les soutenir.
Les aides financières pour compenser la perte de revenus et alléger les coûts
Les proches aidants peuvent se retrouver dans une situation économique difficile en raison de la réduction ou de l’arrêt de leur activité professionnelle pour se dédier à un proche dans le besoin. De ce fait, plusieurs aides ont été créées pour compenser cette perte de revenus et aider à financer les dépenses liées à la dépendance.
En plus de l’Allocation Journalière du Proche Aidant (AJPA) qui permet de maintenir un soutien financier dans cette situation de crise, il existe d’autres alternatives, selon certaines modalités.
La Prestation de Compensation du Handicap (PCH) peut venir soulager l’aidant en lui évitant de financer certains coûts. Cette aide peut être utilisée pour rémunérer une aide à domicile en soutien, financer l’aménagement du logement pour le rendre plus accessible ou financer des soins par exemple. Elle peut être attribuée aux enfants et adultes handicapés et ses droits peuvent varier si la personne vit à domicile ou en établissement.
La PCH est attribuée par la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH), qui évaluent la situation spécifique de chaque demandeur.
Le saviez-vous ? Depuis le 1er janvier 2021, le temps pour préparer les repas ou même, s’occuper de la vaisselle sont inclus dans le financement de cette aide de soutien.4
Pour alléger le coût des services d’aide à domicile, les proches aidants peuvent également bénéficier d’un crédit d’impôt de 50 % sur les dépenses engagées pour rémunérer un salarié à domicile. Cela signifie qu’un aidant peut bénéficier d’une réduction d’impôt dans la limite d’un plafond qui varie entre 12 000 euros et 20 000 euros, un montant qui peut varier selon la situation et le niveau de gravité du handicap. Cette aide est tout aussi importante pour les familles qui doivent recourir à des services d’aide à domicile pour soulager l’aidant5.
Certaines collectivités territoriales proposent des aides locales dédiées aux aidants, telles que des allocations spécifiques ou des services d’assistance financés en partie par les collectivités.
Les dispositifs de soutien et d’accompagnement pour alléger le quotidien
La gestion du rôle d’aidant peut être éprouvante et expose à un stress constant et une fatigue accumulée. Afin de soulager ces personnes qui se consacrent à un proche et pour qui le quotidien peut devenir pesant, il existe des solutions pour aider à relâcher la pression.
Les établissements spécialisés, tels que les EHPAD ou les maisons de retraite peuvent offrir un hébergement temporaire au proche dépendant permettant ainsi à l’aidant de lever le pied et de prendre davantage de temps pour lui.
Le saviez-vous ? Certains établissements spécialisés comme les EHPAD proposent des « accueils de jour » durant lesquels ils s’occupent du proche dépendant le temps d’une journée. Ils sont entourés de professionnels de santé disponibles et à leur écoute. Ce type d’accueil est particulièrement utile en cas de crise ou de besoin urgent de répit.
Les services d’aide à domicile font également partie des soutiens souvent indispensables dans ces moments. Ils offrent une solution alternative pour les proches aidants qui ne souhaitent pas ou qui ne peuvent pas confier leur proche à un établissement spécialisé. Ces services permettent d’embaucher une tierce personne qui intervient à domicile selon les besoins de la personne dépendante et des disponibilités de l’aidant pour le soulager dans les tâches quotidiennes.
En France, en 2021, nous comptions déjà 5,7 millions de Français ayant déjà eu recours à des services d’aide à domicile6. Le coût moyen de ces services est de 20 à 25 euros de l’heure, mais une part des frais peut être prise en charge par des aides financières publiques.
Le stress et l’anxiété sont fréquents chez les aidants. Pour lutter contre cette détresse psychologique, plusieurs associations comme France Alzheimer ou la Fédération des Aidants proposent par exemple des groupes de parole, des activités de soutien mais également des consultations psychologiques. Ces aides à disposition leur permettent de partager leurs expériences, de trouver un soutien moral et d’apprendre à mieux gérer leur stress au quotidien.
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Soutien moral et psychologique : prévenir l’épuisement pendant le congé
Bien que le congé de proche aidant soit souvent pris par amour et par engagement, il peut exposer l’aidant à un réel épuisement psychologique. Cette période de rupture avec l’activité professionnelle et d’efforts quotidiens pour le proche deviennent lourds à porter si des mesures de soutien ne sont pas prises. L’un des éléments essentiels pour ne pas sombrer dans la dépression, c’est de prendre du temps pour soi.
Ne plus travailler, se couper de sa routine professionnelle et de ses interactions sociales habituelles peut engendrer une perte de repères. Il est essentiel de prendre des pauses pour ne pas laisser le nouveau quotidien d’aidant nous submerger. Cette pause, que ce soit pour se détendre ou pratiquer un loisir permet de réduire le stress tout en préservant un bon équilibre mental.
Il peut s’agir de moments simples comme se promener, prendre un bain ou passer du temps avec des amis. Ces instants sont indispensables pour déconnecter et recharger les batteries.
Pour faire face, il peut être judicieux pour l’aidant de se former au mieux à la gestion des soins et d’essayer de bien comprendre la situation de leur proche. En anticipant, la personne aidante pourra mieux gérer les défis du quotidien, avec plus de sérénité et moins de stress.
> Isolement et perte d’autonomie : l’importance de rester connecté
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(1) MON PARCOURS HANDICAP, « Le congé de proche aidant », 2024
(2) DREES (Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques), « 9,3 millions de personnes déclarent apporter une aide régulière à un proche en situation de handicap ou de perte d’autonomie en 2021 », 2023
(3) MINISTÈRE DU TRAVAIL, DE LA SANTÉ, DES SOLIDARITÉS ET DES FAMILLES, « Allocation journalière du proche aidant », 2025
(4) MON PARCOURS HANDICAP, « La prestation de compensation du handicap PCH », 2025
(5) MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE, DES FINANCES ET DE LA SOUVERAINETÉ INDUSTRIELLE ET NUMÉRIQUE, « Particulier, les réductions et crédits d’impôt auxquels vous pouvez prétendre », 2024
(6) DREES (Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques), « 9,3 millions de personnes déclarent apporter une aide régulière à un proche en situation de handicap ou de perte d’autonomie en 2021 », 2023