Publiée le 16 juillet 2024
Anday Mendes, chef de projet marketing opérationnel au sein de la Direction des Opérations PRÉVOIR, est présidente de l’association Natur’Elles. La Fondation Prévoir soutient son projet d’aide aux femmes victimes de violences sexuelles en République Démocratique du Congo (RDC). La subvention a permis l’acquisition d’une machine de taille de pierres fines, activité qui permet à ces femmes de se reconstruire. Interview.
Tu es présidente de l’association Natur’Elles, qu’est-ce qui a motivé ton engagement ?
Nous avons créé cette association avec quelques amies. L’une est d’origine togolaise et tchèque, l’autre d’origine camerounaise et antillaise, et moi-même je suis née au Congo.
Nous voulions nous mettre au service de l’Afrique, une manière de rendre hommage à nos parents, nos anciens, qui se sont engagés, et qui nous ont éduquées pour que nous puissions aussi être utiles aux autres en trouvant le chemin du partage et de la solidarité.
« Nous voulons agir pour un monde meilleur »
Ce qui nous réunit, c’est une même vision du monde et un idéal partagé : nous voulons agir pour un monde meilleur. Nous avons réfléchi à ce que nous pouvions apporter de concret, notamment grâce à nos compétences de conduite de projets. C’est souvent ce qui manque dans les associations locales.
Nous avons donc choisi de nous mobiliser au service de micro-projets durables et équitables et contribuer ainsi à servir au développement humain et social des peuples d’Afrique.
« Il est très important pour moi de reprendre le flambeau »
À titre personnel, cela fait un bien fou de se tourner vers les autres ! Quand on sait qu’on apporte quelque chose d’utile à des personnes vulnérables, on relativise ses propres soucis. Et en plus, c’est très important pour moi de reprendre le flambeau des mains de mon père, qui est très engagé. C’est une fierté pour lui, et un désir d’engagement aussi pour mes filles qui vibrent avec moi dans cette action.
Quelles sont les actions menées par Natur’Elles ?
Par l’intermédiaire de mon père, géologue actif dans des actions de solidarité, nous avons entendu l’appel du Dr Mukwege, président de la Fondation Panzi ayant reçu le Prix Nobel de la Paix 2018 pour son travail au bénéfice des femmes ayant subi des violences sexuelles en RDC.
« Nous permettons aux femmes victimes de violences sexuelles de se reconstruire »
Les violences sexuelles sont là-bas une arme de guerre visant à éloigner les populations des territoires riches en ressources minières. Le Dr Mukwege a proposé un modèle holistique de réparation des femmes, sur le plan physique bien sûr mais aussi psychologique et social.
Les femmes sont soignées dans un hôpital et accueillies ensuite dans la « Maison Dorcas » de la Fondation pour qu’elles aient le temps de se reconstruire et de se réinsérer.
La taille de pierres fines pour se soigner
Notre projet consiste à proposer aux femmes de travailler sur elles-mêmes en utilisant les richesses naturelles de leur terre. Elles apprennent un métier avec l’aide d’experts et se servent de cette formation pour élaborer un nouveau projet de vie. Comprendre qu’elles peuvent revivre en se réappropriant des pierres fines, qui sont parmi les causes des violences subies, c’est un symbole très puissant et très opérant.
L’association Natur’Elles apporte une méthode, une structure, des financements, une connaissance de l’écosystème des projets, et une capacité de pilotage. En fait, nous utilisons nos compétences professionnelles au service des femmes. L’idée est de créer durablement une filière d’experts en gemmologie capable de répliquer la formation initiale à la taille de pierres semi-précieuses.
Le soutien de la Fondation Prévoir a été primordial pour l’achat de la machine de taille, il a été l’élément déclencheur dans la poursuite de nos projets.